Thomas Ankersmit : synthétiseur Serge

Écouter le Néerlandais Thomas Ankersmit jouer du synthétiseur Serge est une expérience d’une rare intensité. Cette plongée dans un océan de sons dont on a peine à croire qu’ils sortent d’une machine met au défi notre perception. 

C’est à New York, au début des années 2000, par l’intermédiaire de la musicienne et plasticienne américaine Maryanne Amacher, que le Néerlandais Thomas Ankersmit (né en 1979) est entré en contact avec le Serge Modular. Ce synthétiseur modulaire conçu par Serge Tcherepnine – élève de Nadia Boulanger, Pierre Boulez, Herbert Eimert et Karlheinz Stockhausen - qui enseigna la composition et la musique électronique au prestigieux California Institute of the Arts dans les années 1970 avant de se consacrer à la fabrication de ses machines. Il a inspiré plusieurs générations de musiciens, de John Adams, Ingram Marshall ou Karlheinz Stockhausen hier à Jim O’Rourke, Sarah Davachi ou encore Thomas Ankersmit aujourd'hui. Ce dernier, artiste passionné par les phénomènes acoustiques, a su dompter la bête de main de maître, comme en témoignent les concerts spéctaculaires dont il a pris l’habitude de nous gratifier. 

Fermez les yeux : c’est tout une « géographie perceptive » – pour reprendre le titre de son album paru en 2021 chez Shelter Press – qui se fait jour peu à l’écoute de ces sonorités inouïes et incroyablement diverses, étonnamment sensuelles et organiques. On à peine à croire qu’ils proviennent d’une machine, tous ces sons qui caressent notre oreille ou au contraire s’égarent, à partir desquels Thomas Ankersmit échafaude une dramaturgie proprement haletante… Un pur moment d’extase sonore.