Jeanne Bleuse : piano

Julian Boutin : violon

Un duo de virtuoses épris d’aventure et d’ouverture nous invite à une virevoltante « bal(l)ade hypnotique pour piano et violon ». Au programme, un chef-d’œuvre de musique de chambre postminimaliste et les créations de deux compositeur-ices iconoclastes forment la B.O. d’un road-movie imaginaire. 

Installés en Savoie, la pianiste vagabonde Jeanne Bleuse et le violoniste et altiste Julian Boutin, fondateur du formidable Quatuor Béla, œuvrent depuis longtemps, chacun de leur côté, à amener la musique dans les endroits où on ne l’attend pas forcément.  On est heureux d’avoir enfin l’occasion de découvrir côte-à-côte sur scène ce couple de passeurs au sens le plus noble et le plus authentique du terme, avec un programme en duo que la pianiste a conçu comme une « bal(l)ade hypnotique pour piano et violon ». Une bal(l)ade construite autour de la magnifique partition de John Adams (né en 1947) qui lui donne son titre. Composé en 1995, Road Movies est un petit bijou de musique de chambre contemporaine, dans lequel la veine répétitive du compositeur se pare de couleurs rhapsodiques, parfois même ravéliennes : ses trois mouvement, tour à tour trépidants et méditatifs, nous entraînent à travers les grands espaces américains avec un irrésistible sens du groove. 

Pour prolonger l’aventure, Jeanne Bleuse a sollicité d’autres fidèles compagnons de route : le rocker iconoclaste Bastien Pelenc et la jazzwoman Sylvaine Hélary, flûtiste et nouvelle directrice de l’Orchestre national de jazz.  Leurs créations, dit-elle, « n’ont pas de cahier des charges précis. C’est l’appel du dehors, le désir inquiet des départs, le trouble de la liberté, l’épouvante de l’exil, l’inconnu, l’immensité sauvage ou la monotonie du paysage qui dicteront leur lancinante poésie. » On sait seulement qu’un piano électronique, le KAWAI EP 608, curiosité introuvable des années 1980, sera du voyage, venant enrichir les couleurs de cette B.O. d’un film imaginaire. 

Avec des extraits des poèmes Ravir : les lieux de Hélène Dorion  et Love is a place de E.E. Cummings