Duo Mnémøsyne

Eugénie De Mey : chant, vièle, boîte à musique

Michaël|le Liberg Grebil : chant, ceterå øscurå, ceterina d’amore (cistres à archet)

Après avoir donné leur programme Ora Mystica à Riom et Vic-le-Comte, le duo d’alchimistes sonores formé par Eugénie De Mey et Michaël|le Liberg Grebil investit la basilique Notre-Dame-du-Port avec un concert entrecroisant la musique de Guillaume de Machaut et celle de James Tenney. 

Pour leur troisième concert dans le cadre de Musiques Démesurées, le duo Mnémøsyne formé Eugénie De Mey et Michaël|le Liberg Grebil revient à Clermont-Ferrand nous proposer le programme qui marque la fondation de leur duo, et le début de leur projet : entrelacer les voix et les temporalités pour inviter à des expériences d’écoute proche de la méditation. 

Les deux pièces qui constituent ce programme s’y prêtent, il est vrai, particulièrement, qui orchestrent la rencontre, à six siècles d’écart, entre deux personnalités singulières : Guillaume de Machaut, dont la figure domine la poésie et la musique de son temps, et qui fut l’un des premiers à revendiquer son statut d’auteur, et le compositeur américain James Tenney, acteur essentiel de la scène expérimentale américaine, dont les recherches portent aussi bien sur la perception que sur l’informatique musicale. C’est autour de l’idée de répétition que se noue le dialogue entre les deux. Si Loyauté que point de delay est le premier lai (genre de poème à forme fixe très prisé des troubadours, et auquel Machaut fit accomplir des avancées décisives) composé par Machaut, il est surtout le seul dont la musique se répète tout au long de ses 24 strophes. À cette fascinante narration chantée répondent les infimes irisations sonores et vocales d’Harmonium #1 (1976), première d’une série de pièces composés en intonation juste (ou gamme naturelle) par l’iconoclaste Américain. L’entrelacement de ces deux œuvres nous promet un grand moment de musique suspendu.